Les villes illustrées – French

Oktober 23, 2017 by admin Uncategorized 0 comments

LES VILLES ILLUSTRÉES

Onn’a pas souvent l’occasion de voir une exposition d’illustrateurs. En fait, le travail de ces créateurs, souvent lié au monde de la publicité et de l’édition, ne s’appréhende qu’à travers le message d’autrui qui l’accompagne. Aujourd’hui, grâce au fait que, peu à peu, les institutions commencent à s’intéresser à d’autres langages artistiques que les traditionnels (bande dessinée, design, photographie), nous avons pu réunir dans cette exposition les illustrateurs les plus représentatifs de quelques villes d’Europe.

L’illustrateur est, par définition, le créateur d’une symbolique qui confère à l’image de nouvelles significations. Son œuvre est considérée en fonction de son habilité à apporter une richesse de lectures dont la complexité dépasse de loin les intentions plus ou moins conditionnées par le commanditaire et où s’inscrit toujours son propre discours.

Les auteurs de cette exposition, liés à différents domaines de la création artistique (peinture, bande dessinée, langages audio-visuels, design) ont leur propre style qui, d’une certaine façon, a fait école dans leur pays respectifs, voire dans le monde entier : Joost Swarte, Mariscal, Peret, Ever Meulen, George Hardie, Kiki Picasso, Jacques de Loustal et Lorenzo Mattotti ont en commun, non seulement une maîtrise incontestable, mais aussi le fait qu’une grande partie de leur œuvre comporte des références et des métaphores concrètes en rapport avec la ville.

« Les Villes Illustrées » est un recueil de travaux originaux de ces auteurs dans lesquels, à des périodes et dans des styles différents, la ville est le thème premier et manifeste sa complexité. D’autre part, chaque artiste a réalisé une œuvre et écrit un texte spécialement pour cette exposition.

La ville est ici un symbole, le support des témoignages de notre civilisation, chacune manifeste sa singularité, mais aussi le sentiment collectif de sa perte d’identité collective face à la globalité culturelle.

Que ce soient les images de Kiki Picasso pour un parti politique français ou les éditions de timbres de Joost Swarte pour la Poste hollandaise, le calendrier japonais illustré de villes européennes vuespar Ever Meulen ou le profil de Barcelone dessiné par Mariscal pour des grands magasins américains, l’affiche de George Hardie pour une campagne à faveur de la plantation d’arbres dans un parc de Londres ou la vision constructiviste que nous donne Peret du plan de sa ville, le regard lyrique que révèlent les pages des bandes dessinées de Jacques Loustal ou encore les images de la solitude de l’individu surgies de la plume de Lorenzo Mattotti, dans tous ces travaux réalisés à l’aide de techniques aussi différentes que la peinture murale ou des projets sculpturaux, l’audio-visuel ou la photographie, la ville réelle, utopique ou ressurgie de la mémoire, se présente comme un univers social et culturel ouvert à l’échange et à la multiplicité bien plus qu’en tant que concept géographique ou politique.

Joost Swarte peut être rattaché aux tenants de la «ligne claire », mais à la différence du créateur de Tintin, Swarte utilise souvent un langage ironique, entre le surréalisme et l’absurde, lorsqu’il fait allusion aux contradictions de notre culture urbaine.

Le style personnel de Mariscal, qu’il s’agisse d’un meuble, d’un objet, d’un imprimé, d’une affiche ou de n’importe quel autre support, témoigne toujours du regard ingénu de l’enfant émerveillé. Un regard qu’il sait transformer en poésie. Ses images du profil de Barcelone sont connues dans le monde entier. Ever Meulen est un autre représentant de la «ligne claire ». Outre son style très personnel, en trompe-l’œil, à la manière d’Escher et dont les formes s’inspirent de l’art déco des années 30, son œuvre présente souvent des éléments architectoniques dans des paysages indubitablement urbains.

Peret aime à se dépeindre comme un « travailleur des arts appliqués » dans l’esprit d’un Rodchenko ou de la Bauhaus. L’aspect symbolique de son travail et son discours métaphorique caractérisent aussi bien ses œuvres plus graphiques que ses derniers projets en volume.

George Hardie, à la manière des encyclopédistes, recueille patiemment et minucieusement avec ses dessins et filigranes symboliques tout ce qui constitue notre environnement quotidien. On y trouve fréquemment des références aux symboles urbains.

Kiki Picasso, illustrateur et graphiste, qui a transgressé le bon goût pendant sa période Bazooka, a réalisé la plupart de ses derniers travaux dans le domaine de l’audio-visuel, sans jamais perdre son style incisif et provocateur.

L’œuvre essentiellement picturales de Jacques de Loustal, publiée en majeure partie dans des albums de bandes dessinées, est un long voyage dans les villes et les paysages du Sud où la lumière et la colleur invitent au plaisir des sens.

Lorenzo Mattotti fut l’un des grands rénovateurs de l’illustration dans les revues de modes. Le registre plastique de cet artiste, que ce soit par un tracé vigoureux de coloriste proche de l’expressionisme ou qu’il œuvre dans la simplicité des lignes pures, se manifeste à la faveur d’images évoquant un homme solitaire contemplant un paysage qui lui est étranger.

( Catalogue “Les CiutatsIl·lustrades”, 1992)

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